Aquarelle de poète
Aquarelle de poète,
Sur cette étoffe de soie, toile encore inachevée,
enchassée dans son écrin de merisier sculpté,
je coucherai de ma faucille la rouche du marais,
effleurerai du bout de mon pinceau les bleuets,
cueillerai délicatement l'ocre de l'iris,
qui ira se noyer sous les rayons d'un soleil
scintillant de vie, lorsqu'il s'éveillera de son oasis,
où danseront de toutes leurs ailes, les déesses du miel.
J'esquisserai le toit de chaume d'une ancestrale bourrine
enserrée dans une voûte de branches frôlées par la bruine,
crayonnerai les vieux saules d'un camaïeu vert,
bouchonnerai l'herbe des prés d'un ton couleur désert,
colorierai les murs chaulés d'un blanc lumineux
où trancheraient portes et volet en "bleu vendéen",
tacherai le rebord de la fenêtre d'ancolies blanches et bleues,
borderai les allées de marjolaine et de thym.
Je soufflerai les feuilles automnales des marronniers mordorés
pour découvrir en blanc et rose un féérique ballet de cyclamens ;
Où valsent du soir à l'aurore, jusqu'à en perdre haleine
les écureuils et les lérots sur les branches d'amandiers ;
où tournoient de l'aube jusqu'au crépuscule
les cavaliers papillons pour les dames libellules,
au rythme du son d'un orchestre symphonique de haie,
où vocalisent en cœur, mésanges bleues et chardonnerets.
Je moissonnerai de mon coutelas ce champs de blé,
je battrai au fléau tous ces tendres épis,
ramasserai au creux de mes mains les gerbes éclatées,
et les déposerai dans ce sac de jute jaunie.
Dès que le soleil poindra au fleuret des roseaux,
j'allumerai le séculaire four de boulanger
niché au plus profond du cœur de pierres de la cheminée,
pour dorer ce pain aux noix qui accompagnera les faisandeaux.
ou poésie d'aquarelliste,
Yveline, de la tribu du marais